Tobias George Smollett

Publié le par Xavier Cottier

L'Ecossais du Comté

 Tobias George Smollett

 1763 à 1765

   

        Tobias George Smollett n'est pas le premier touriste anglais du Comté de Nice car en fait il est écossais.

 

         Fils d'un propriétaire foncier de Dunbarton, il a reçu une formation de chirurgien mais aime l'écriture par dessus tout. Il rejoint la Navy après l'insuccès de sa pièce "Le Régicide" en 1739 et monte à bord du "Chichester" en qualité de médecin. Comme de bien entendu, c'est aux Indes qu'il va aborder et il y puisera ses principales sources d'inspiration.

 

        Tout ceci n'en fait nullement un homme remarquable si ce n'était son entêtement à vouloir écrire. L'homme n'est pas chanceux et de déconvenues en échecs,  face à la détérioration de sa santé déjà chancelante aggravée au combien par la mort de sa fille en 1763, se décide-t-il à voyager vers des terres plus hospitalières à ce qu'il semble. De fait, un an après la publication de son récit de voyage, il meurt à Leghorn en Italie après qu'il eut prononcé ce beau "All is well, my dear". C'est là qu'il est inhumé, sans doute sans visiteurs aussi est-il temps de lui rendre justice.

 

        L'Europe du temps compte parmi les meilleurs épistoliers qu'il se peut trouver, aussi c'est au moyen de lettres qu'il rédigera ses souvenirs de voyage.

 

        Il se partage entre sa résidence de Nice et ses incursions sur ses hauteurs : Villefranche, La Turbie mais aussi Monaco en passant par Eze qu'il ne cite pas mais que l'on peut reconnaître. Pour lui, les Niçois sont tous les mêmes du Var à Menton aussi trouve-t-on dans son oeuvre de fin de vie des renseignements de premier intérêt sur mille questions les plus variées.

 

         Nul doute qu'il a traversé le territoire d'Eze. Il semble le confondre avec celui de Villefranche et en cela il n'est pas le premier car nos confins étaient communs à cette époque, s'étendant jusqu'à la Trinité.

 

        Sa première missive de Nice, la douzième, fut rédigée le 6 décembre 1763.  Il y explique comment il est passé à Cannes "un petit village de pêcheurs" lui faisant évoquer Monsieur Monsieur Nadeau d'Etrueil, l'ancien gouverneur de la Guadeloupe, condamné à l'enfermement à vie "aux Iles Marguerite" nous dit-il.

 

        Là, bien conseillé par des amis français au sujet desquels il s'empresse de préciser qu'ils sont protestants, il s'installe non loin de la mer dans ses quartiers qu'il juge agréables.

 

        Puis, le 15 janvier 1764, sa treizième lettre. Il y fait une description sommaire du Comté, insistant sur le fait qu'un "... grand nombre de villages..." s'y trouvent dont "... tous, cette capitale exceptée [Nice] sont situés dans les montagnes".

 

        Il précise que la ville de Nice est pourvue "... d'un sénat qui administre la justice sous les auspices d'un avocat-général [en français dans le texte], envoyé par le roi. L'économie interne de la ville est confiée à quatre consuls; l'un pour la noblesse, l'autre pour les marchands, un troisième pour les bourgeois, un pour la noblesse".

 

        Lors de ses premières journées de son séjour, il se rend à Cemenelum et nous fait là une description que n'importe quel archéologue d'aujourd'hui pourrait prendre pour celle d'un collègue. L'homme est brillant. Gentilhomme, il craindrait que quiconque s'en aperçût aussi modère-t-il sa science d'observations comparatives et personnelles non sans intérêt.

 

     Lettre quatorzième. Vingt Janvier 1764. Smollet se rend au Montalban à cheval, guidé par des officiers Suisses, rendant visite à "notre" consul, ajoute-t-il, Mr. B--d, qui vit à Villefranche.

    Marin, il note une erreur cartographique propre à ce port, laquelle pourrait être la source de méprises. Or il est vrai que de nombreux navires sombrèrent corps et biens en rade de Villefranche. Ne l'oublions pas, l'homme fut chirurgien de bord.        

 

    Il peut voir là les galériens qui côtoient les prisonniers de tous genres, prêts à voguer vers leur enfer définitif. Le port de Villefranche est sans aucun doute l'un des ports les plus importants d'Europe. D'Europe, dis-je, car c'est bien le cas. Incroyable vision, donc, que celle de ces forçats, chaînes aux pieds, s'apprêtant à rejoindre leurs prisons flottantes.

 

    Après quelques observations tactiques sur d'éventuelles prises à venir - militaires s'entend -, Smollett fait quelques utiles observations toponymiques. Strabon, note-t-il, ne fait pas référence directe au lieu dont s'agit mais le cite comme étant  le port de Nice!

 

        Lettre quatorzième. Vingt Janvier 1764. Smollet se rend au Montalban à cheval, guidé par des officiers Suisses, rendant visite à "notre" consul, ajoute-t-il, Mr. B--d, qui vit à Villefranche. Marin, il note une erreur cartographique propre à ce port, laquelle pourrait être la source de méprises. Or il est vrai que de nombreux navires sombrèrent corps et biens en rade de Villefranche. Ne l'oublions pas, l'homme fut chirurgien de bord.       

     Il peut voir là les galériens qui côtoient les prisonniers de tous genres, prêts à voguer vers leur enfer définitif. Le port de Villefranche est sans aucun doute l'un des ports les plus importants d'Europe. D'Europe, dis-je, car c'est bien le cas. Incroyable vision, donc, que celle de ces forçats, chaînes aux pieds, s'apprêtant à rejoindre leurs prisons flottantes.

   

    Après quelques observations tactiques sur d'éventuelles prises à venir - militaires s'entend -, Smollett fait quelques utiles observations toponymiques. Et d'évoquer Strabon, l'Itinéraire d'Antonin avant, confesse-t-il de se rendre à La Turbie pour y retrouver, sans doute, les mannes de tout Européen.

   

     Mais voilà ici la première référence directe à Eze, plutôt Eza. La ville de Villefranche, lui a-t-on dit, date du treizième siècle et fut bâtie par Charles II de Provence, roi des Deux Siciles. L'anecdote se retrouve dans d'autres textes mais avec l'allusion de Montolivo qui, sans aucun doute, se trouvait sur le territoire d'Eze et de Villefranche. Or, notre ami nous dit que les populations du haut d'une montagne du voisinage auraient peuplé la ville nouvelle, la leur ayant été détruite par les "pirates". L'idée est tentante car la disparition de Montolivo - des textes, des cartes et des souvenirs humains - ne pourrait s'expliquer que du fait du repliement de sa population vers la rade protectrice de la Ville Franche.

 

    Lettre quinzième. Trois janvier 1764 : étranges considérations sur le duel.

 

    Seizième lettre de notre visiteur devenu presque indigène tant il connaît les moeurs du lieu.

 

     Le voilà revenu à Cimiez mais cette fois accompagné de "deux gentlemen de ce pays".

 

    Nous sommes le 2 mai 1764.Il peut se rendre à La Turbie. De nouveau, une intéressante notation sur le fait que La Turbie se serait appelée Villa Martis dans un passé immémorial. je dois dire que ce fait ne semble pas avoir été retranscrit où que ce soit hormis chez Mr. Tobias Smollett.

 

    Je tiens à la disposition de mes lecteurs qui le désireraient la copie de cette oeuvre peu publiée (en langue anglaise). Ils y trouveront des délices de naïveté, de grandes connaissances aussi, de féroces remarques et, en arrière-plan, un paysage humain et naturel allant des figurations de Jérôme Bosch à celles d'Hubert Robert.

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